Reconstruction économique locale
Le développement économique local est un élément important de la reconstruction d'après- guerre. Dans le cadre de l'initiative du projet Mémoire Survivante dans l’après-guerre au Salvador, l’équipe travaille avec les communautés locales pour explorer les facteurs qui facilitent la réussite des projets de reconstruction économique locale dans deux districts de Chalatenango ; et aussi pour montrer leur niveau d'impact respectif dans le contexte salvadorien.
Les facteurs de réussite économique étudiés comprennent l'esprit d'entreprise, l'accès aux ressources et au capital, et les compétences commercialisables, ainsi que des éléments non économiques tels que la créativité, l'identité culturelle et historique, la résilience, et les savoirs et connaissances
traditionnelles/autochtones.
L’équipe inclut également l'effet des éléments environnementaux tels que les ressources naturelles/touristiques et la situation géographique. Dans ce sens, l'objectif de la recherche est de contribuer au développement économique local grâce à des connaissances académiques qui démontrent que les patrimoines matériels et immatériels dans les zones post-conflit ont une forte probabilité de succès malgré tous les obstacles rencontrés.
Activités
L'équipe de collaboration travaille à l'identification et à l'analyse des facteurs qui favorisent la réussite des petites entreprises dans les districts de San José Las Flores et Las Vueltas. Cette activité comprend une série d'ateliers de formation pour les micro et petits entrepreneur·es de ces districts, et finira par la diffusion académique et populaire des résultats de la recherche.
Contexte : reconstruction économique locale
Bien que plus de trente ans se soient écoulés depuis la signature des Accords de paix Chapultepec en 1992, l'héritage laissé par le conflit armé (1980-1992) fait du Salvador un pays fragile sur le plan social, politique et économique. Avec une superficie de 21 000 kilomètres carrés, une population de 6,2 millions d'habitant·es et des ressources en eau limitées, le pays peine à fournir des moyens de subsistance décents à la totalité de ses citoyen·nes ; et il se classe 116e sur 187 pays selon l'indice de développement humain 2015 des Nations unies.
Depuis la signature des Accords de paix, les gouvernements successifs de cette nation d'Amérique centrale ont cherché à développer le pays par l'ouverture commerciale et la promotion des investissements étrangers. Grâce à cette politique économique, pas moins de dix sociétés minières transnationales ont commencé à explorer les zones montagneuses et forestières du nord du pays, à proximité des lieux où de nombreuses batailles et massacres ont eu lieu pendant le conflit armé.
En réponse à cette augmentation de l'activité minière, les organisations de la société civile ont exprimé leurs préoccupations concernant la souveraineté alimentaire, la dégradation de l'environnement, la division sociale et le mépris des espaces commémoratifs et de la mémoire historique. La pression exercée par les organisations de la société civile a conduit le gouvernement à interdire l'exploration et l'exploitation minières au début de l'année 2017. Bien que cette mesure ait effectivement mis fin aux projets miniers dans le nord du pays, la société civile est toujours à la recherche d'activités durables de reconstruction économique locale qui s'appuient sur les attributs environnementaux uniques de la région et prennent en compte l'héritage difficile que ses habitant·es et ses communautés ont reçu.
Pourquoi la reconstruction économique locale est-elle difficile après un conflit armé ? Quels sont les facteurs qui facilitent la réussite des petit·es entrepreneur·es dans les zones post-conflit ? Comment le patrimoine matériel et immatériel est-il utilisé pour favoriser le développement économique local ? La mémoire historique post-conflit peut-elle entraver la réussite des petites entreprises ? Dans le passé, pour répondre à certaines de ces questions, des groupes spécialisés de chercheur·euses universitaires dans le domaine du patrimoine durable et des études sur la mémoire historique ont mené des études fructueuses sur la reconstruction économique locale dans les zones post-conflit. Par exemple, Hall (2000), Hampton (2005), Fotopoulou (2017), Ikonomou (2017), Aliferi (2017) et Legner (2018) ont analysé des cas qui incluent le patrimoine matériel et immatériel dans des zones post-conflit et ont conclu qu'il existe une grande variété de facteurs qui déterminent le succès de la reconstruction économique locale.
L'éventail des facteurs va du niveau d'initiative entrepreneuriale des commerçant·es de certains territoires aux niveaux de financement et à la volonté politique des parties prenantes du développement économique local. Bien que ces conclusions soient valables pour des cas internationaux, on ne sait pas dans quelle mesure elles sont pertinentes dans le cas du Salvador. Cette recherche déterminera non seulement la pertinence des facteurs précédemment identifiés, mais analysera également lesquels sont les plus importants pour les études de cas.
Chercheur·euses
Dr Vladimir Pacheco Cueva est professeur associé à l'école de culture et de société de l'Université d'Aarhus (Danemark). Ses recherches universitaires portent sur les impacts socio-économiques et la gouvernance de l'extraction des ressources non renouvelables dans l'Arctique et le Sud global. Avant d'occuper son poste actuel, Vladimir a été chercheur à la Foundation for Cooperation for Development [Fondation pour la coopération au développement], le Center for Social Responsibility in Mining [Centre pour la responsabilité sociale dans l'industrie minière] et au Consulting firm WorleyParsons [Firme Worley-Parsons] (Australie). Vladimir a commencé sa carrière de chercheur à l'Université du Pacifique Sud (USP) à Fidji, où il s'est spécialisé dans les études sur la microfinance en Océanie.
Chiara Bresciani est anthropologue, chercheuse et doctorante à l'Université d'Aarhus (Danemark). Depuis 2011, elle travaille dans des zones originaires et rurales du sud du Mexique où elle mène des recherches sur l'identité et la vision du monde des peuples originaires, la tradition, la résilience et le changement culturel pendant les conflits politiques ; elle s'est également intéressée à l'impact social de la consommation d'alcool.
Alain Carretero a une formation transdisciplinaire et une expérience professionnelle entre la biologie et l'anthropologie. Il est titulaire d'un master en ethnobiologie de l'Université d'Aarhus (Danemark) et a mené des projets en Bolivie et au Danemark. Alain contribuera à la récuperation et à la documentation des connaissances traditionnelles et de l'usages des plantes sylvestres endémiques dans les communautés du département de Chalatenango. En outre, il identifiera les plantes endémiques susceptibles d'être utilisées à des fins commerciales.